petite piqure de rappel !!
extrait de la fin du livre.. l'appel de la forêt.
.... Quand Buck, las de poursuivre ses misérables ennemis, revint au camp dévasté, il trouva le corps de Peter, roulé dans ses couvertures, là ou la mort l'avait surpris dès la première attaque.
L'état du sol, autour de la hutte, décellait la résistance désespérée de Thornton(le maitre de Buck)
Buck, le nez à terre, poussant des cris ardents et plaintifs, suivit jusqu'au bord d'un étang profond toutes les péripéties de la lutte que son maitre avait livré.
Là, sur la berge, fidèle jusque dans la mort, Skeet était couchée, la tête et les pattes de devant baignant dans les flots rougis de sang....
Les eaux troubles et profondes cachaient à jamais le corps de john thornton.
Buck passa le jour entier à errer autour de l'étang, poussant des gémissement lugubres ou des hurlement désolés.
La disparition de son maître adoré creusait en son cœur un vide profond, impossible à combler.
Seule la vue de ses victimes portait quelques adoucissement à sa peine.
Fier d'avoir tué des Hommes, le plus nobles des gibiers, il reniflait curieusement les cadavres, surpris d'avoir triomphé si facilement de ceux qui savaient se rendre redoutables à l'occasion.
Désormais il ne connaitrait plus la crainte de l’Homme.
La lune parut dans les cieux, baignant la terre d’une lumière sépulcrale, et Buck sentit avec la nuit monter dans la forêt l’éveil d’une vie nouvelle.
Il se dressa, humant l’air. Des abois lointains retentissaient, se rapprochant rapidement.
Il reconnut en eux une part de ce passé qui ressuscitait en lui.
S’avançant dans la clairière, il écouta sans trouble et sans remords la voix qui depuis si longtemps le sollicitait…
Désormais il était libre, libre de lui répondre et de lui obéir. John Thornton mort, plus rien ne rattachait Buck à l’Humanité.
Comme un flot argenté, la meute des loups déboucha dans la clairière où Buck, immobile comme un chien de pierre, attendait leur venue. Son aspect était si imposant qu’ils s’arrêtèrent un instant, interdits ; mais un, plus hardi que les autres, sauta sur le chien qui lui tordit le cou, rapide comme l’éclair. Puis il reprit sa pose majestueuse, sans se préoccuper de la bête qui râlait à terre. Trois autres tentent l’attaque et se retirent en désordre, la gorge ouverte d’une oreille à l’autre.
Enfin, la horde entière se rue sur l’ennemi. Mais la merveilleuse agilité de Buck, sa force sans pareille lui permettent de déjouer toutes les attaques.
Pour empêcher les assaillants de le prendre par derrière, il vient s’adosser à un talus, et, protégé de trois cotés, réussit à se défendre si vaillamment que les loups, découragés, reculent enfin.
Les uns demeurent couchés, la langue pendante, saignant par vingt blessures ; les autres jappent, montrant leur crocs étincelants, sans quitter de l’œil le terrible adversaire ; d’autres boivent avidement l’eau de l’étang .
Tout à coup un loup grand et maigre se détache de la troupe et s’approche du chien avec précaution, mais en gémissant doucement. Buck reconnaît son frère sauvage, son compagnon d’une nuit et d’un jour, leurs deux museaux se touchent, et le chien sent son cœur battre d’une émotion nouvelle.
A son tour, un vieux loup décharné couvert de cicatrices, se rapproche. Buck tout en retroussant les lèvres, lui flaire les narines et remue doucement la queue.
Sur quoi, le vieux guerrier s’assied et , pointant son museau vers la lune, pousse un hurlement mélancolique et prolongé. Les autres le reprennent en chœur.
Buck reconnaît l’appel… Il s’assied et hurle de même. Alors la meute l’entoure en le reniflant, sans plus lui témoigner aucune hostilité.
Et tout à coup, les chefs poussant le cri de chasse, s’élancent dans la forêt ; la bande entière les suit, donnant de la voix, tandis que Buck, aux cotés du frère sauvage, galope, hurlant comme elle.
Et ceci est la fin de l’histoire de Buck.
Mais les indiens, au bout de peu d’années, remarquèrent une modification dans la race des loups de forêt. De plus forte taille, certains des jeunes montrent des taches fauves aux yeux et sur le museau une étoile blanche au front ou à la poitrine. Et aujourd’hui encore parmi les Yeehats, on parle d’un Chien-Esprit, qui mène la bande des loups, et qui est plus rusé qu’aucun d’eux. Les hommes le redoutent, car il ne craint pas de venir voler jusque dans leur camps, renversant leurs pièges, tuant leur chiens et s’attaquant aux guerriers eux-mêmes.
Parfois, ces chasseurs ne reviennent plus de la forêt, où l’on retrouve leur corps sans vie, la gorge béante. Et la légende de l’esprit du mal s’accroit d’un épisode de plus. Les femmes pleurent et les hommes s’assombrissent en y pensant.
Tous évitent la vallée du bord de l’étang, car en ce lieu apparaît périodiquement un visiteur sorti de la région des grands bois et des sources, dont la présence jette partout l’épouvante.
C’est dit-on , un loup géant, à la superbe fourrure, à la mine hautaine et dominatrice. Il descend jusqu’à une clairière où des sacs en peau d’élan à moitié pourris dégorgent sur le sol un flot de métal jaune, à demi recouvert déjà par les détritus végétaux et les souples herbes sauvages.
Le grand loup s’arrête et semble rêver ;puis, avec un long hurlement, dont la tristesse glace le sang, il reprend sa course vers la forêt profonde qui est désormais sa demeure.
Alors, quand viennent les longues nuits d’hiver et que les loups sortent du bois pour chasser le gibier dans les vallées basses, on le voit courir en tête de la horde, sous la pâle clarté de la lune ou à la lueur resplendissante de l’aurore boréale. De taille gigantesque, il domine ses compagnons, et sa gorge sonore donne le ton au chant de la meute, à ce chant qui date des premiers jours du monde.
FIN