L'histoire commence le 7 décembre 1997, jour maudit où j'ai dû emmener mon bébé, Ranjit, chez mon véto afin d'abréger ses souffrances !
8 ans et demi de bonheur, il avait hérité de sa mère beaucoup de qualités mais aussi le même mal, un cancer de l'intestin qui s'est généralisé.
J'ai fait une terrible dépression, je ne pouvait plus aimer quiconque, seul mon chat pouvait me rassurer et me consoler autant qu'il le pouvait!
Et puis, un beau jour de novembre 2007, soit 10 ans après ce drame, une amie m'a convaincue d'aller au refuge apporter des couvertures et des friandises pour tous les malheureux, j'ai accepté, mais en lui disant bien que je ne prendrai aucun chien, je ne pouvais plus aimer, ça faisait trop mal même si longtemps après...
En arrivant, nous avons été accueillies par des centaines d'aboiements, tous ces poilus, de toutes tailles, qui espéraient se faire remarquer, pour enfin sortir de derrière ce grillage, et enfin trouver une famille aimante, qui les aimerait, au chaud d'un doux foyer !
Nous avons commencé à faire le tour de tous les enclos, et là je me suis dit, si je pouvais, je les prendrais tous...et je crois que c'est à ce moment là que j'ai su que je reprendrai un chien, qui aurait de moi et de mon amour qui n'était pas mort !
Arrivée devant les enclos de pension, là où les chiens avaient plus de place et surtout étaient souvent seuls, car non compatibles avec les autres, et surtout par traumatisme je pense, je me suis arrêté devant ce vieux toutou, le regard si triste et si désemparé...contrairement aux autres, il n'a pas essayé d'attirer mon attention en aboyant, mais s'est assis, m'a regardé droit dans les yeux et s'est mis à pleurer ! A ce moment-là, j'ai su que c'était lui, mon sauveur !
Mon coeur n'a pu résister longtemps, je suis allée au bureau me renseigner, savoir si je pouvais le sortir de sa prison et le promener un peu, le tester avec les chats...et là j'ai appris que Marouk, c'était son nom, avait 12 ans, il était arrivé un mois auparavant, amené par sa maitresse qui venait de perdre son mari et de sa villa, se retrouvait en appartement !
Ayant vécu toute sa vie dans son jardin, il ne supportait pas la vie dedans, détruisait tout et donc la dame ne pouvait pas le garder dans ces conditions !
Mais là, mauvaise nouvelle pour moi, la directrice demandait une somme trop onéreuse pour mon petit budget, elle ne voulait rien savoir...je ne pouvais pas mettre plus de 50 euros, après tout, c'était un sénior, je lui sauvais la vie...c'est alors que la dame qui s'occupe des animaux du refuge m'a dit que pour le sauver, elle paierait la différence, parce qu'elle ne voulait pas qu'il meure bêtement alors qu'il avait la chance de trouver une famille et de l'amour à son âge !
Nous sommes donc allées au bureau, faire les papiers, je n'ai jamais été aussi heureuse de dépenser de l'argent, car c'était pour le début d'une nouvelle vie. Il devait encore faire la visite obligatoire chez leur véto, je n'ai donc pas pu le ramener avec moi de suite, mais une amie, bénévole au refuge, m'a proposé de me le mener chez moi dès qu'il serait en règle.
Deux jours plus tard, il arrivait enfin, il avait l'air perdu, désemparé, mais je pense qu'il était heureux de sortir de son box mais il était dans un état lamentable, sentait pire qu'un cochon, son poil n'avait jamais dû voir ne serait-ce que l'ombre d'une brosse, il était maigre, les dents entartrées comme je ne l'avais jamais vu, et surtout il toussait et ronflait, c'était terrible à entendre!
J'ai donc décidé d'aller dès le lendemain voir mon véto, même si on m'avait assuré que tout allait bien...et là, stupeur, il avait une trachéïte aigüe, suspiscion de toux du chenil et en plus je me suis rendue compte qu'il n'avait eu aucune éducation, pas même une base, et cherchait à mordre tous les chiens qui passaient à sa hauteur !
Me voilà partie pour les antibios, les soins des oreilles, des dents, nourriture adaptée pour le remplumer un peu, puis dès que tout a commencé à rentrer dans l'ordre, rdv chez ma toiletteuse, car laver un ba x husky et le brosser quand on a pas le matériel adéquat, ben pas facile !
Sa première sortie fut d'aller en ville, il était fier de marcher à mes côtés, tout propre, avec son harnais lavé lui aussi, il m'écoutait bien, je faisais attention tout de même, car je me suis rendue compte, au début, qu'il ne m'écoutait pas trop et risquait de partir se promener tout seul sans revenir si je l'appelais !
Je me suis donc mise à apprendre à écouter mon chien, je lui ai repris son éducation à la base, et en peu de temps, il savait marcher en laisse correctement, sans trop tirer, a appris le rappel lorsqu'on était au parc, je pouvais le lâcher sans problème, il ne partait pas, devenait de plus en plus sociable avec ses congénères et surtout semblait accepter mes chats sans vouloir à tout pris les courser !
En quelques mois, j'ai réussi là où beaucoup d'autres auraient baissé les bras, il marchait sans laisse, bon seulement après s'être défoulé au parc durant des heures, car malgré son âge, il avait une pêche d'enfer, s'amusait avec les jeunes...
Son amour, dans ses yeux, était sans limites, il comprenait tout ce que je lui disais...il m'a sauvée autant que moi je l'ai sauvé !
Aujourd'hui il m'a quittée, et il me manque terriblement et je ne l'oublierai jamais mon gros bébés têtu comme une mule !
Je t'aime Marouk, je sais que de là-haut tu continues à veiller sur moi avec Ranjit et tous mes autres bébés d'amour...