Des chats sont tués en Suisse pour leur fourrure!
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Des chats sont tués en Suisse pour leur fourrure!
Sandro Campardo
Lorsque Tomi Tomek a appelé le magasin dans les Grisons, le patron lui a annoncé qu'il avait une centaine de peaux en stock et lui a même proposé de choisir la couleur et la longueur du poil... Quelques jours plus tard, la cofondatrice de SOS Chats a reçu les trois peaux commandées par la poste. L'étiquette sur la marchandise précise le pays de provenance: la Suisse (petite photo).
«Depuis onze ans, on se bat pour faire interdire l'abattage des chats à l'étranger. Mais ce n'est que maintenant que l'on trouve un exemple en Suisse!» Tomi Tomek s'en doutait, mais cela n'a rien enlevé à son écoeurement. Prévenue par une membre de SOS Chats, dont elle est la cofondatrice, elle a découvert qu'une tannerie de Coire (GR) vendait par correspondance des peaux de chats provenant de Suisse. Un commerce choquant, mais pour l'instant tout à fait légal.
C'est par hasard qu'une membre de SOS Chats tombe dernièrement sur des peaux de chats vendues dans une mercerie de Bienne. Alertée, Tomi Tomek prend alors contact avec la tannerie Rätische Gerberei SA, à Coire, fournisseur de la mercerie. «Je me suis fait passer pour une cliente, raconte Tomi Tomek. J'ai demandé s'il n'était pas possible d'acheter des peaux de chats pour ma mère malade.» La réponse va la tétaniser. Au bout du fil, le patron lui annonce qu'il a actuellement une centaine de peaux en stock et lui propose même de choisir la couleur et la longueur du poil. Comme il n'a pas de prospectus, il accepte de lui envoyer trois peaux, tout en précisant, selon Tomi Tomek: «J'envoie 10 000 paquets par an. Alors, si vous ne payez pas celui-là, ce n'est pas bien grave.»
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«Les chats proviennent, m'a dit le vendeur, de tirs de gardes-faune ou de paysans, en hiver, lorsque le pelage est bien épais. Mais, si c'est le cas, où sont les blessures des balles?»
Tomi Tomek, cofondatrice de SOS Chats
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«Pas un thème pour nous»
A Coire, où «Le Matin» s'est rendu pour enquêter, la tannerie Rätische Gerberei SA se compose en fait d'un bureau accolé à un magasin, situé à deux pas de la gare. Pas trace de fabrique centrée sur le traitement des peaux. Le directeur, Jürg Flütsch, se met immédiatement sur la défensive: «Les peaux de chats ne sont pas un thème pour nous. Nous vendons des milliers de peaux de mouton par an contre quatre à cinq peaux de chats pendant la même période.» Sur l'origine géographique des peaux, il refuse de répondre, insistant sur le fait que la Rätische Gerberei «commercialise les peaux de chats, mais ne les tanne pas».
Une réaction qui fait bondir Tomi Tomek: «Au téléphone, ce monsieur m'a dit que ce n'était ni des chats morts, ni des chats trouvés, ni encore des chats d'appartement: ceux-là n'ont pas le poil assez beau. Les chats proviennent, m'a-t-il dit, de tirs de gardes-faune ou de paysans, en hiver, lorsque le pelage est bien épais. Mais, si c'est le cas, où sont les blessures des balles?» demande-t-elle en tendant les peaux intactes. Un témoignage étayé par celui de Jocelyne Joly, sympathisante française, qui a également pris contact avec la tannerie de Coire: «La secrétaire m'a dit qu'il s'agissait de chats sauvages que l'on attrapait dans les jardins. Lorsque j'ai demandé de quels jardins il s'agissait, elle a coupé court. Je suppose qu'ils disposent des pièges.»
Commerce pas illégal!
A l'Office vétérinaire fédéral, on n'exclut pas l'existence d'un tel commerce. «On nous parle régulièrement d'un commerce de peaux de chats, confirme la porte-parole Cathy Maret. Mais, s'il existe, il n'est pas illégal.» En Suisse, le Parlement a modifié en 2005 la loi sur la protection des animaux, interdisant «l'importation de peaux de chats ou de chiens et de produits fabriqués à partir de telles peaux.» Cette modification doit entrer en vigueur dans le courant de l'année 2008. Mais pourquoi uniquement l'importation? «C'est une décision du Parlement qui a réagi aux images épouvantables de l'écorchement à vif des chats dans d'autres pays, explique Cathy Maret. De telles pratiques ne sont pas connues en Suisse et le législateur ne s'imaginait pas un commerce de fourrure de chats ici.»
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Daniel
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