Quand je suis né, ma petite maman déjà fatiguée par de longs jeûnes, n’a pas eu assez de lait pour tous nous nourrir convenablement.
Aussi, malgré tout son amour, elle se résignait à laisser la dame en noir, ravir mes frères les plus faibles.
Je venais d’atteindre péniblement mes 4mois, quand Noël arriva.
La ville se parait de milles lumières et les arômes chauds et bienfaisants envahissaient peu à peu les rues.
Malheureusement, toutes ces odeurs appétissantes devenaient un supplice pour nous qui devions affronter chaque jour les affres de la faim.
Car nous, pauvres petits ombres fantomatiques, en suivant ce corps décharné qui était notre mère, nous n’avions qu’une seule activité, celle d’une quête incessante de nourriture pour espérer ne pas mourir trop tôt.
Nous regardions avec envie ces chariots qui regorgeaient de nourriture et nos petits corps affamés se recroquevillaient encore un peu plus en pensant seulement à ce beau poulet qui aurait pu tomber du haut de la pile de victuailles si la chance avait au moins pu nous sourire rien qu’une fois.
Maman nous encourageait à marcher toujours plus car elle savait que si nous nous arrêtions quelque peu dans cette recherche,
nos forces pouvaient alors nous abandonner.
Il n’y eu pas de Noël pour nous cette année là, mais je me souviendrais toujours de cette dame qui nous voyant maigres et sales, eut alors pitié de nous.
Sortant un paquet de croquettes de sa voiture, elle le renversa sur le côté de la route où nous nous étions réfugiés.
Ma mère prudente s’avança la première et croqua une puis deux et enfin plusieurs croquettes en même temps, tout en nous invitant de la voix à en faire autant.
Quel délice et quel bonheur de se sentir envahi de cette douce chaleur que nous n’avions jamais connus jusqu’alors !!!
Plus tard, je sus que celle-ci se nommait satiété
et je vénère depuis ce mot si doux à mon cœur.
Ma maman à bout de forces, mourut 1 semaine plus tard.
Privée depuis trop longtemps de nourriture, chassée souvent à coups de bâton des maisons où elle quémandait un peu de pain et de chaleur pour elle et ses bébés, elle nous quitta par une nuit froide et sombre.
Son pauvre corps reposa longtemps sur la neige immaculée d’un blanc éclatant, comme si le ciel lui rendait la grâce et la beauté qu’elle avait perdues à jamais.
Ensuite, ce ne fut que chagrins et désolations.
Je vis partir vers la mort le restant de mes frères et sœurs sans qu’aucun humain ne vint à notre secours.
Partout où nous cherchions un peu de réconfort, nous ne rencontrions que de la méchanceté ou de l’indifférence.
Pourtant nous n’étions que des chiots de quelques mois qui avaient juste envie d’être aimés par les humains que vous êtes.
Malgré nos facéties de bébés, malgré nos petits corps amaigris et nos regards suppliants…nous nous rendîmes à l’évidence, les hommes ne voulaient pas de nous.
C’est ainsi, que vivent les pauvres chiens errants oubliés de tous et qui meurent en silence dans le plus grand dénument.
Je grandis seul et retenant les leçons de ma pauvre maman, j’étais toujours aux aguets de la moindre petite miette qui pouvait remplir mon ventre.
Il m’arrivait de disputer celle-ci avec plus âgés que moi et je souffrais de voir ces vieux chiens, décharnés et malades, qui le regard dans le vague, semblaient attendre la mort comme une délivrance.
Je me cachais dans le moindre trou, la plus petite interstice pour échapper aux autres chiens plus grands ou plus dominants qui auraient pu me tuer … pousser par la faim !!
Durant cette errance d’un 1an, je vis le pire mais aussi le meilleur de l’homme.
Mon petit cœur ne peut que pleurer en pensant à mes seuls amis de l’époque, 2frêres courageux et emplis d’affections pour les 2pattes.
Un jour où je rentrais après une longue recherche de nourriture, je fus anéanti en constatant qu’ils avaient été lâchement assassinés.
Eux qui n’étaient que la joie de vivre avaient été frappés et torturés à mort par des hommes vers lesquels, mes 2amis avaient du s’avancer sans crainte.
Je ne pourrais jamais oublier cette chienne attachée à un pieu en plein maquis et qui mettait au monde ses petits sous la pluie battante et dans une boue immonde.
Aucune niche pour l’abriter elle et ses petits et cette chaîne trop courte ne pouvait lui permettre de les défendre contre les renards affamés !!
Que de larmes ais je vu !! Que de désespoir parmi ces chiens avides de connaître l’amour d’un maître !!! Que d’effroyables morts pour certains qui voulaient juste connaître et faire confiance en l’humain qui les approchait….tout cela dans l’indifférence totale des hommes sensés nous protégés !!
Puis, j’ai eu 1an.
J’ai toujours aimé la compagnie des humains mais ceux-ci ne me voyaient pas ou plus exactement ne remarquaient qu’un chien sale, maigre et couvert de tiques et de puces.
Aussi, ils s’écartaient de moi et me chassaient sans ménagement !
Ma vie changea radicalement grâce à un accident de la route dont je fus la victime.
Alors que je marchais sur cette route très fréquentée, une voiture me renversa.
J’ai hurlé de douleurs et malgré mes plainte, celle-ci ne s’arrêta pas
et continua son chemin.
Heureusement, une autre voiture la suivait de près et elle, s’arrêta !!
La jeune femme qui se pencha sur moi ressemblait à un ange car pour la première fois de ma vie, j’entendais des mots aussi doux que du miel et cette main posée sur ma tête apaisa aussitôt mon corps endolori.
Pour la première fois de ma vie, je connaissais un peu d’humanité !!! Moi qui avait été battu trop souvent, je n’eu pas peur de cette main qui me caressait à présent.
Je frissonnais d’un plaisir que je ne connaissais pas et je me surprenais à aimer le son de cette voix qui me parlait à présent sans arrêt.
Je me laissais bercer dans ces bras d’humain entouré d'une plénitude
douce et agréable.
Je fus soigné et aimé tout de suite par cette femme
qui est aujourd’hui ma maîtresse adorée.
Sa famille est tout pour moi et elle sait que je serais capable de tout pour la défendre si ….
Noël approche à grands pas et si aujourd’hui, je suis au chaud dans ma maison, que je peux manger à ma faim, je ne serais vraiment heureux que si mes congénères pouvaient connaître la même chance que j’ai aujourd’hui.
Aussi, j’aimerai pour Noël, que ces chiens oubliés de tous, soient enfin vus et adoptés.
J’aimerai que ce soir là, ils puissent être au chaud dans un panier douillet, qu’ils puissent ressentir la douceur d’une caresse et non la douleur d’une main qui frappe.
Je voudrais juste que les humains puissent enfin voir nos larmes, entendent nos cris de douleurs et notre désespoir.
Je souhaite qu’ils puissent eux aussi avoir enfin une famille qui ne les abandonnera jamais plus.
Pour que ce Noël soit le plus beau des Noël, je vous supplie de les aider !Donnez leur cet amour qu’ils méritent
et faîtes que la peur quitte à jamais leurs nuits et leurs regards.