La Création du Loup et du Chien.

Lorsque Dieu eu chassé Adam et Ève du Paradis, il ressentit comme un remords en songeant aux souffrances que ses deux créatures n'allaient pas manquer de rencontrer désormais. "Je me suis peut-être montré trop sévère, se disait-il. Ils sont habitués aux douceurs du Paradis ; maintenant ils vont connaître la faim, la soif, le froid, la peur! Je devais pourtant les punir de leur désobéissance!" Cependant Dieu, qui était juste et bon, se demandait comment adoucir le sort des deux premiers humains. Il eut une idée, et rappela Adam et Ève près de lui.

Ils se présentèrent tout penauds, redoutant une nouvelle manifestation de la colère divine. Dieu tenait à la main une baguette d'osier ; Adam la regardait avec inquiétude, mais son créateur la lui tendit en disant d'un ton calme : "Lorsque vous aurez trop faim, et que vous ne pourrez récolter aucune nourriture, frappez la mer de cette baguette!"
Puis, s'étant approché d'Adam, Dieu lui parla à l'oreille, de façon à ce que sa compagne n'entendit pas ses parole. "Prends garde Adam, à la manière dont Ève usera de cette baguette. Je me demande si je ne devrais pas lui interdire d'y toucher!"

Comme Dieu l'avait prévu, Adam et Ève souffrirent cruellement hors du Paradis, et ils ne tardèrent pas à avoir besoin de la mystérieuse baguette. Comme ils étaient parvenus au bord de la mer, Adam frappa 3 fois la surface de l'eau. Il en sortit un animal tout blanc, au regard empli de gentillesse, qui vint frotter sa douce toison contre les jambes d'Adam. "Femme, dit alors celui-ci, voici une brebis : garde-la bien, elle nous donnera tant de lait et de fromage que sa compagnie nous suffira."
"Voilà qui est bien, pensait Ève ; mais ce serait encore mieux si nous avions deux brebis!" Profitant alors du sommeil de son compagnon, elle s'empara de la baguette et en frappa fortement la mer.

Une sombre créature en surgit, le regard luisant de cruauté, la gueule armée de crocs acérés : un loup sauvage et monstrueux qui se jeta en grognant sur la pauvre brebis et l'entraîna au fond d'un bois. A ce spectacle, Ève cria et pleura si fort qu'Adam se réveilla en sursaut. Il ne perdit pas de temps à gronder la coupable, mais, saisissant aussitôt la baguette d'osier, il en frappa à nouveau la mer, trois fois et de toutes ses forces. "Hélas! Encore un loup!" s'écria-t-il à l'apparition du nouvel animal qui émergeait des flots. Effectivement cette dernière créature, de même taille et de même allure que le fauve surgi précédemment, se mit à courir à toute allure vers le bois où avait disparu la brebis. Déjà Adam et Ève se résignaient à la perte de leur premier animal domestique...

Aussi quel ne fut pas leur surprise quand ils virent revenir vers eux la petite brebis, encore toute tremblante de sa terrible mésaventure, mais bel et bien saine et sauve. Elle était suivie du troisième animal, qui vint se coucher aux pieds des 2 humains, sans chercher à leur faire le moindre mal. Alors seulement Adam et Ève s'aperçurent qu'il posait sur eux un regard plein d'affection, au contraire du loup dont l'œil dévoilait les cruels instincts. "Voici le chien, déclara Adam. Cet animal nous sera précieux et nous en ferons un compagnon fidèle."

Depuis ce jour Adam et Ève eurent d'autres occasions d'utiliser la baguette offerte par Dieu. Ils découvrirent alors que les animaux créés par Adam se laissent facilement domestiquer tandis que les créatures qui surgissaient de la mer par la faute d'Ève prenaient aussitôt me chemin de la forêt où elles allaient mener une vie sauvage loin des humains.




Extrait d'une genèse apocryphe (pas inclus dans la Genèse définitive)

je préfère la mythologie Inuit pour le rôle de la femme et du loup :

Au commencement, il y a un Homme et une Femme, sans créateur divin et sans créature animale.

La Femme demanda à Kaïla, dieu du ciel, de peupler la terre. Il l'envoya creuser un trou dans la banquise pour y pêcher. La Femme sortit alors du trou, un à un, tous les animaux. Le caribou fut le dernier. Kaïla lui dit que le caribou était son cadeau, le plus beau qu'il puisse faire, car il nourrirait son peuple. Le caribou se multiplia et les fils purent le chasser, manger sa chair, se vêtir et confectionner des tentes avec sa peau.

Cependant, les fils de la Femme choisissaient toujours les caribous gros et gras. Un jour, il ne resta plus que les faibles et les malades dont les Inuits ne voulurent pas. La Femme se plaignit alors à Kaïla, qui la renvoya sur la banquise. Elle y pêcha l'esprit loup, envoyé par Amarok, pour qu'il mange les animaux faibles et malades. C'est pour cela que, selon la mythologie Inuit, « le caribou nourrit le loup, mais c’est le loup qui maintient le caribou en bonne santé ».

beau mythe aussi! je ne le connaissais pas. Et je le préfère à l'autre!![img][/img]